Cet article est la suite de notre article intitulé La fête de Pâques… finie ou pas encore ? où nous expliquons les origines de cette célébration pascale et les dates variantes tous les ans.

Le Grand Carême

Dès les premiers siècles, un temps de carême fut instauré en préparation à la fête de Pâques. 40 jours avant le dimanche de Pâques, les chrétiens doivent observer un jeûne en se privant d’aliments gras tels que la viande, les produits laitiers et les œufs. C’est de toute évidence le niveau de privation le plus basique puisque le vrai jeûne est celui du cœur, des actions, des pensées et des paroles et non celui de l’estomac : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » Mathieu 15 :11.

Cela dit, ce régime alimentaire temporairement restreint rappelle aux fidèles qu’ils sont en train de vivre un moment fort, différent du reste de l’année où ils sont incités à doubler de vigilance quant au reste de leurs actions.

La symbolique des œufs

Carême ou non, les poules continuaient de pondre. Quoi en faire de ces œufs ? Les fidèles se sont mis à les conserver, à les décorer à la main puis à se les offrir à la fin du carême pour fêter Pâques ensemble. Une tradition qui perdure jusqu’à nos jours aux quatre coins du monde.

Par ailleurs, l’œuf a une grande symbolique dans cette fête de Pâques : la résurrection du Christ et l’accès à la vie éternelle.

La résurrection : la coque de l’œuf, que le jeune poussin brisera lors de l’éclosion, symbolise les ténèbres et la mort que le Christ a vaincu en sortant du tombeau.

L’éternité : ce même poussin grandira et donnera lui-même un œuf qui sera également brisé et ainsi de suite… d’ailleurs, de qui de l’œuf ou de la poule est venu en premier ? C’est l’éternelle renaissance, symbole de la vie éternelle.

Ce symbole est encore fortement présent dans l’Église Orthodoxe orientale où un œuf d’autruche vidé est suspendu par un filet, plus ou moins travaillé, au-dessus du voile de l’autel.

La symbolique des cloches et des lapins

Il s’agit là de deux symboles plus propres à l’Occident et plus particulièrement à l’Église catholique en ce qui concerne les cloches.

Les cloches : à partir du VIIème siècle en Europe et sur ordre de l’Église Catholique, toutes les cloches arrêtent de sonner en signe de deuil, y compris les clochettes d’autels, entre le Jeudi Saint et le Dimanche de Pâques où elles se remettent à carillonner pour célébrer la joie de la résurrection du Christ. Les enfants avaient déjà du mal à comprendre où étaient passés les œufs de leurs poules. À présent, l’absence du son des cloches, rythmant la vie au quotidien, est venue amplifier cette incompréhension. Il fallait alors trouver une histoire ludique pour leur expliquer la situation. Les familles se mirent alors à leur raconter que les cloches sont parties se faire bénir à Rome par le Pape et à leur retour elles déposeront des œufs colorés, ou des friandises, dans les jardins. Voilà comment la fameuse chasse aux œufs de Pâques est née !

Les lapins : Tandis que dans la majorité des pays occidentaux ce sont les cloches qui apportaient les œufs… dans les pays germaniques, ce sont les lapins qui cacheraient les œufs dans les jardins. Pourquoi ? Le lapin est l’animal emblématique de la déesse païenne Ostara, déesse de la fertilité et de la fécondité, fêtée à l’équinoxe du printemps et qui a donné son nom à la fête de Pâques en anglais « Easter ». C'est plus précisément en Allemagne du sud que la tradition « Osterhase » (lièvre de Pâques en français) est née avant qu'elle ne se répande dans le reste des pays germaniques puis aux États-Unis en passant par la Grande Bretagne. Une approche de Pâques moins chrétienne pour le coup.

L’utilisation du chocolat

Jusqu’au XVIIIème siècle, la consommation du chocolat était principalement sous forme de boisson chaude. Courant ce siècle, les premiers chocolats fourrés, dragées et pastilles à manger commencent à être produits mais de manière plus que marginale. À partir du début du XIXème siècle, la révolution industrielle permettra la production en masse des tablettes de chocolat grâce à l’utilisation de presses et de moules. C’est à ce moment qu’on ait voulu joindre l’utile à l’agréable en fabriquant des œufs, des cloches et des lapins entièrement en chocolat. Commercialement parlant, cela avait un plus grand succès auprès de la jeunesse des générations nouvelles ayant un intérêt décroissant à chercher des vrais œufs de poules dans le jardin. De plus, avec les années passantes, beaucoup de familles pratiquaient un jeûne alimentaire de moins en moins strict et mangeaient des œufs à volonté. La chasse aux vrais œufs était alors moins excitante.

Quoi qu’il en soit, demeurons dans l’allégresse de la résurrection du Christ et continuons à transmettre cette bonne nouvelle, avec ou sans chocolat.

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